Cahuzac-gate !

Imaginez-vous dans une salle sombre de cinéma, confortablement installé, le film commence, la scène se déroule douze ans en arrière avec quelque part dans la campagne, une maison cossue ressemblant fort bien à une résidence secondaire, celle d’un avocat parisien ne se trouvant pas chez lui, le téléphone  sonne, le répondeur se met en route et enregistre quatre minutes d'un dialogue entre deux hommes. L’un deux parle d'un compte numéroté à la banque Suisse UBS, évoquant la difficulté que cela pose d'avoir à aller là-bas à chaque fois qu’il était nécessaire de signer un document.

C’est ainsi que va commencer le plus grand scandale de corruption de l’élite dirigeante française…, comme dans un bon film noir de Claude Chabrol !

Un scandale qui mettra la république à genoux, montrant au grand jour la grande duplicité, le manque d’éthique et la corruption de l’élite politique française composée de hauts fonctionnaires passant leur temps à aller du secteur public au secteur privé, organisant des magouilles financières internationales autour de contrats de marchés publics et de vente d’arme, finançant tous les partis politiques y compris ceux qui se proclament  de gauche, et bien entendu se servant au passage et planquant leur argent sale dans des comptes bancaires secrets en Suisse ou au Luxembourg.

Tout cela avec la complicité et l’aide des grandes banques françaises, dirigées par les mêmes hauts fonctionnaires corrompus, sous le regard  complaisant d’une Justice  péripatéticienne qui ne condamne que ceux qui ne peuvent pas la payer.

Tous ce que je dénonçais comme crapuleries, magouilles, arrangements entre amis et autres tromperies sur ce blog depuis son début en 2008 ( La "Ripoublique" de fonctionnaires ! ), vient d’être crédibilisé d’un coup et d’un seul grâce à un enregistrement accidentel de 4 minutes, d’une conversation téléphonique d’apparence anodine.

Voici la chronologie des faits et leurs significations à court et long terme. 

Été 2012 : L'enregistrement accidentel de cet  appel téléphonique a dormi pendant 12 ans dans les cartons de l’Histoire,jusqu’à ce qu’un jeune journaliste travaillant pour Mediapart, tombe dessus au cours de l'été 2012, et qu’il le fasse analyser par des experts identifiant ainsi la voix du nouveau ministre français du budget, Jérôme Cahuzac, Ministre du budget, Saint-Just de la rigueur, Chancre de la lute contre la fraude fiscale…, l’homme clé du président de la république François Hollande et de son gouvernement socialiste au pouvoir depuis les élections de mai 2012, pris la main dans le pot de confiture avouant avoir un compte bancaire secret en Suisse.

En reconnaissant la voix de Jérôme Cahuzac, Fabrice Arfi ce journaliste courageux et tenace ne s’est sans doute pas rendu compte de la bombe politique qu’il venait de déclencher et qui allait probablement le faire entrer dans l’Histoire, lui-même ainsi que son mentor Edwy Plenel directeur du Journal Médiapart, comme les tombeurs de la Vème République Française.

Un remake, en quelque sorte, du scandale du Watergate qui avait  vu la démission du Président Américain, suite aux investigations de Bob Woodward et Carl Bernstein, deux journalistes du journal américain le  Washington Post.  

Si le remake est totalement fidèle, alors les jours de François Hollande en tant que président de la république, sont bien comptés !

Ce que Fabrice Arfi a découvert, c’était bien une partie de la toile d’araignée d’une immense organisation mafieuse qui permettait aux hommes politiques Français de blanchir dans des comptes bancaires secrets, les sommes colossales reçues en pot-de-vin et bakchichs de toutes sortes. Pots-de-vin connus par l’ensemble de la classe politique, organisés autour des contrats passés par l’État et par les collectivités locales dans le secteur de la construction, de la pharmacologie  et dans celui des ventes d’armes aux pays étrangers (essentiellement des dictatures corrompues), devant servir à financer secrètement les partis politiques, les syndicats et au passage, à enrichir personnellement les signataires ou facilitateurs de ces contrats.

Jérôme Cahuzacétait l’un de ces crapules facilitateurs ! C’était le porteur de valise pleine de billets pour les partis politiques de gauche comme l’est Éric Woerth (également ministre du budget sic !) pour le financement illicite des partis politiques de droite.

Décembre 2012 : Des rumeurs de corruptions au plus haut niveau de l’État Français commencent  courir et le 4 décembre 2012 Mediapart accuse Jérôme Cahuzac d’avoir détenu "un compte bancaire non déclaré à l’Union des banques suisses (UBS)" à Genève, puis de l’avoir transféré à Singapour.

Fin décembre 2012 : Selon "Le Point", une "note blanche" du ministère de l’Intérieur avertit le cabinet du chef de l’État, de la solidité des accusations de Mediapart.

Début  janvier 2013: Suite à une plainte déposée au près du Procureur de la république par Edwy Plenel, directeur de Mediapart, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour "blanchiment de fraude fiscale" afin de vérifier si Jérôme Cahuzac a réellement détenu un compte caché en Suisse.

Début février 2013 : Sollicitée par l’administration fiscale française, les autorités Suisse transmettent un document qui ne sera pas publié (sic !).Des rumeurs sont lancées affirmant que Jérôme Cahuzac n’a pas eu de compte à l’UBS après 2006 (la prescription débutant à cette date), rumeurs auxquelles le Journal du Dimanche du 10 février donne une connotation semi-officielle affirmant que ce document reçu des autorités Suisses, innocentait Jérôme Cahuzac. On sait aujourd’hui que c’était une minable opération d’étouffement de l’affaire réalisée par un État en totale panique.

Février / Mars 2013 : L’homme qui s’était autoproclamé champion de la lutte contre l'évasion fiscale, celui qui donnait des interviews répétées pour expliquer comment on pouvait atteindre la notion de  "République exemplaire" promise par François Hollande, allait de chaines de télé à des rédactions de journaux nationaux une autre, pour jurer ses grands dieux qu’il était innocent des accusations de détention de compte bancaires secret et qu’on voulait atteindre à son honneur car on ne pouvait le battre politiquement.

Ces atermoiements de requin blessé ont vite fait de trouver des échos favorables dans les médias complaisants, avec des journalistes vendus comme Jean-Michel Aphatie, chroniqueur sur Canal plus et sur RTL,  qui avait monté une opération de dénigrement visant à déstabiliser et décrédibiliser Médiapart sur diverses chaines de télé et de radio, sans doute dans une ultime tentative de sauvetage du soldat Cahuzac.   

19 mars 2013 : La police confirme l’intégrité de l’enregistrement téléphonique et le parquet ouvre une information judiciaire pour" blanchiment de fraude fiscale" contre Jérôme Cahuzac. Ce dernier démissionne de son poste de ministre, après avoir solennellement assuré face aux élus, au sein de l’Assemblée Nationale qu’il n’a pas, qu’il n’a jamais eu ni avant ni maintenant, de comptes bancaires à l’ étranger.

Fin mars 2013 : Les autorités Suisses font publiquement savoir qu’ils sont prés à livrer la liste des Français détenteurs de comptes secrets en Suisse au Procureur de la République qui menait l’enquête. Cette même liste que le ministre des finances français Pierre Moscovici avait reçu des autorités Suisses en  décembre 2012 et qu’il a enterré     continuant à défendre l’innocence de Cahuzac.  

Début Avril 2013 : Jérôme Cahuzac se présente au juge et avoue avoir trahi le pays car il avait bien sur les 20 dernières années un compte secret en Suisse dont le solde est aujourd’hui de 600.000 euros, compte qui sera transféré  à Singapour en 2010. Il sera de suite mis en examen pour "blanchiment de perception par un membre d'une profession médicale d'avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la Sécurité sociale. "  

 Médecin de métier, fort de son expérience politique comme membre du cabinet ministériel de Claude Évin ministre de la santé, "chargé des affaires du médicament" de 1988 à 1991, et de celle de député  socialiste du Lot-et-Garonne, Jérôme Cahuzac va  utiliser  ses relations incestueuses avec le monde de l’industrie pour favoriser la négociation de nouveaux contrats portant sur des essais cliniques, sur des tests de nouveaux produits pharmaceutiques et pour faire avancer l’instruction de dossiers d’autorisation de mise sur le marché. Il va également aider à élargir les indications thérapeutiques de certaines spécialités pharmaceutiques et surtout à fixer le prix de ventes de certains médicaments.  

La contrepartie de tous ces services rendus à l’industrie pharmaceutique c’est bien entendu des pots de vins qu’il reçoit sur des comptes secrets en Suisse et ailleurs se chiffrant en dizaines de millions d’euros.

François Hollande président de la république et Pierre Moscovici ministre des finances étaient donc au courant de cette sordide affaire au moins depuis le début du mois de décembre 2012, et leurs réactions a été d’essayer d’étouffer l’affaire, renouant ainsi avec les méthodes de voyous du précédent président de la république et de sa clique.  

En plus de ses aveux de détention de compte bancaire secret en Suisse, le ministre du budget de cette république bananière avait avoué également avoir transmis aux autorités bancaires Suisses une fausse vraie déclaration d’impôts en France, afin que ces derniers puissent effectuer l’ordre de transfert du compte secret vers Singapour où le ministre crapule se croyait à l’abri des investigations fiscales.

Sur ce, le journal Le Monde révèle que Jean-Jacques Augier, un vieil ami et conseiller de François Hollande, diplômé de l’École Nationale d’Administration (ENA) de la même promotion (Voltaire), et qui plus est trésorier de la campagne électorale présidentielle, était actionnaire dans deux sociétés fictives basées sur les îles Caïmans, là où on place l’argent sale à l’abri du fisc.

Cerise sur le gâteau, on apprend également que Laurent Fabius, ministre d’État, ministre des affaires étrangères ancien premier ministre de François Mitterrand, aurait lui aussi un compte bancaire secret détenu dans un pays étranger et que l’ex-maitresse de François Hollande (avec laquelle il a une fille), Anne Hidalgo, première adjointe au Maire de Paris et susceptible de devenir elle-même Maire de Paris en 2014, a bénéficié d’un régime de retraite très favorable à l’âge de 52 ans (alors que l’âge légal est à 62 ans) en quittant son poste d’inspectrice du travail (fonctionnaire) pour devenir adjointe à la Mairie de Paris. ( Ripou Blique Irreprochable Française )    

Le "Cahuzac Gate" a ouvert des trous béants dans l'establishment politique Français, montrant que la majeure partie de l’élite est corrompue et incompétente ajoutant ainsi à la crise financière, à la crise économique et sociale qui secoue le pays depuis des mois, une crise morale d’une ampleur sans précédent. François Hollande paniqué répond en exigeant que tous les ministres et les élus publient dès lundi 15 avril 2013 leurs patrimoines et le soumettent  une haute autorité qui sera nommée pour en vérifier l’origine. Ce faisant, il jette un discrédit total sur l’ensemble de la classe politique !

Et c’est la crise de régime ! La Vème république est morte, et la France n’est plus gouvernable.

Prochain article dans la série : Révolution pacifique pour une VIème République

Herbert French

13 avril 2013

http://www.mediapart.fr/journal/france/dossier/notre-dossier-le-compte-cahuzac

http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/04/04/les-liens-de-cahuzac-avec-les-laboratoires-pharmaceutiques-a-la-loupe-des-enqueteurs_3153277_823448.html

http://www.leparisien.fr/faits-divers/video-les-etapes-de-l-affaire-cahuzac-09-01-2013-2466281.php