Atargatis en Barberousse

I

Flamboyante femme maitresse, de qui tiens-tu,

Cette chevelure en feu, ce déhanchement divin,

Atargatis en Barberousse, déesse d’Assyrie en Mû,

Folle de remord, revenue accabler les humains ?

II

Que n’as-tu fais de moi de désir ton esclave châtié

Pour te faire pardonner la mort de ton amant mortel,

Ö déesse de la fertilité & des eaux, épouse du dieu Bel,

Prends mon âme car d’amour ton regard m’a déjà tué.

III

Tel Sisyphe, tu m’as voué à l’éternel Tartare désir,

Glissant poussif entre ces monts si lourds et si doux,

Dans l’espoir absurde d’atteindre la gorge qui attire,

Malheureux, damné à ne jamais arriver jusqu’au bout. 

IV

Ô ma muse Comme tu fleures bon la rosée du matin,

Et toi porte de jade, rouge sang sont tes lèvres gorgées,

Dans ce nid de duvet ouvert sur un mignon petit poussin,

Que dis-tu de danser au rythme d’une langue enragée ?  

V

Quand j’aperçois ces généreux galbes, pointes raidies,

Et que pour m’y accrocher, d’instinct mes bras se tendent,

Tu te cabres vers moi, les hanches dansant la Saint-guy,

Narines au vent, regard flou, blanc des yeux vert lavande. 

VI

Lorsqu’enfin comblée, ton œil redevient doux et calme,

Que tu me regardes amoureuse à travers ces franges de feu,

Quand tu te blottis contre moi telle une enfant-femme,

Alors je n’ai qu’une hâte, celle de recommencer le jeu.

Herbert French

5 mai 2011