Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Je blogue donc je suis

Ze Nours Attitude

Le diable à la porte !



L’histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie que m’est arrivé il y a quelques temps déjà, mais dont je garde tous les détails gravés dans ma mémoire et qui me donne la chair de poule à chaque fois que j’y repense.

Cela s’est passé un jour où nous recevions ma belle sœur et son mari le Sarazin, pour un week-end dans notre manoir du 18ème siècle à Pétaouchnoc Les Zouaves.
    

Nous prenions l’apéritif autour de l’âtre de notre manoir du 18ème quand tout d’un coup mon beau frère, ayant probablement sifflé un peu trop vite la grande rasade de Jack que je lui avais servie, a commencé à dire des grossièretés dans une langue inconnue. Probablement de l’Africain.

Devant la mine offusquée de ma gente Hermine, j’ai demandé au Sarazin de se calmer. Comme il continuait de plus belle avec ses « Aïn-Diin-Babek » je l’ai envoyé au diable en le menaçant de tous les feux de l’enfer chrétien doublement chauffé à blanc pour accueillir l’infidèle babouche qu’il était.

Je ne sais pas si mes incantations sataniques ont eu de l’effet, mais mon Sarazin de beau frère s’est tout de suite calmé et la soirée continua sans autres incidents.

Le bougre a peut être cru que le diable allait réellement venir l’emporter s’il ne se calmait pas !!

A l’époque, le toit de l’aile nord de notre manoir du 18ème siècle était en réfection ce qui nous obligea ma gente Hermine et moi-même à laisser nos appartements privés, sous l’aile sud, à la Smala Sarazzine pour les deux nuits passés chez nous. Nous avons donc dormi dans la grande salle en bas, juste à côté de la chambre de Marie-Jeanne, notre fifille.
 

C’est probablement ce qui nous sauva la vie à tous !

Cette nuit là tout le monde est allé se coucher tôt après le dîner, et très vite nous avons commencé à entendre les ronflements du Calife qui depuis la chambre à l’étage réussissait l’exploit de faire vibrer les tapisseries du 18ème siècle de notre salle de réception en bas.

Vers 2hrs du matin, ma gente Hermine et moi-même fîmes réveillés par le bruit sourd d’un objet heurtant le sol venant du côté de la porte d’entrée. On aurait dit le bruit que peut faire un animal frappant et grattant le sol avec son sabot. Sauf que nous n’avions aucun animal à sabot dans la propriété.
 

Croyant d’abord avoir rêvé nous nous sommes regardé et, tournant la tête nous avons pu voir la silhouette de notre fifille Marie-Jeanne, assise sur son lit, elle aussi s’inquiétant de l’origine du bruit. Tout le bas du manoir était plongé dans une obscurité totale à l’exception des reflets des dernières braises se consumant dans l’âtre et projetant des ombres démesurées et fantomatiques sur les murs et le plafond.

-          C’était quoi ce bruit? Chuchota la voie tremblante de Marie-Jeanne.

-          Chuuut ! répondit la voie non moins tremblante de ma douce Hermine qui tendait l’oreille pour écouter. C’est peut être le chien qui se gratte ! dit-elle sans trop de conviction.
 

La salle me parût, tout d’un coup plus sombre et plus froide que d’habitude lorsque le bruit recommença cette fois-ci en plus clair et plus proche de nous, accompagné d’une odeur nauséabonde de bouc et de charogne.

Me raclant la gorge, je me hasarde à demander :

-          Qui est là ? Il y a quelqu’un ? Ma voix semblait nasillarde dans ce silence de mort capiteux et glacial,

-          Scruuutch ! Scruuutch ! Continua le bruit accompagné d’effluves, de plus en plus nauséabondes.
 

Tout d’un coup une voix sourde, gutturale et profonde remplissant l’espace autour de nous et venant de nulle part répondit :

-          C’est moi, Jean-Charles. Tu m’as invoqué et je suis venu prendre ce qui m’est offert !

Tous nos cheveux et poils se sont hérissés d’un coup car nous avons tous compris que cette voix n’était pas humaine et que même venant de l’extérieur, la chose qui l’a produite nous observait à travers le mur !

Rien qu’à cette pensée, je ressentis une peur viscérale m’envahir et la sensation de paralysie de tout mes membres. J’entendais à l’intérieur de ma tête mon propre hurlement de peur alors que mes jambes refusaient de courir pour me sauver.
 

Soudain un énorme œil apparut comme suspendu au-dessus de nos têtes, envoyant de terribles reflets rougeâtres et diaboliques nous fixant d’un air gourmand comme pour mieux nous avaler.

L’apparition fût suivie du hurlement de terreur d’Hermine et du claquement de dents de Marie-Jeanne, tandis que j’essayais de calmer ma peur panique en priant mentalement la sainte Vierge ainsi que tous les Saints dont je pouvais me rappeler les noms.

Soudain un coup de fusil éclatât puis un deuxième envoyant deux éclairs successifs en direction de l’endroit où se tenait la chose qui nous regardait. Nous sentîmes l’odeur de la cordite tout en entendant les cris de guerre de mon beau frère le Sarazin qui hurlait de toutes ses forces :
 

-          « Allah O Akbar, Allah O Akbar »
 

Un vent violent claqua  à travers la grande salle ouvrant en grand l’une des portes-fenêtres et projetant si fort les volets contre les murs externes qu’ils se brisèrent en morceaux après un va et vient fracassant, et l’œil disparut dans la nuit noire de jais qu’on percevait maintenant à travers la fenêtre grande ouverte.

La grande salle où nous étions, fût tout d’un coup inondée de lumière. C’était si soudain et inattendu que nous hurlâmes à nouveau de terreur.
 

Ce n’était que mon beau-frère qui le fusil de chasse encore fumant à la main, avait réussi à trouver l’interrupteur qui éclairait la pièce.
 

Le visage blanc comme un linge, il nous raconta que réveillé par nos cris, il attrapa ce qui lui semblait être un fusil de chasse accroché au mur et descendit les escaliers en courant pour se trouver face à face avec ce qu’il décrit comme étant une large bête poilue à tête de loup le regardant avec des yeux féroces. Il tira à deux reprises tout en remerciant Allah d’avoir permis à ce que ce mécréant écervelé de beau-frère (c’est de moi qu’il parle ainsi !) le soit assez pour accrocher un fusil chargé, au mur de sa chambre à coucher.
 

Le lendemain nous avons trouvé à l’extérieur du manoir les restes de notre pauvre chien à moitié dévoré, ainsi que des traces de sabots de la taille de celles que laisserait un cheval mais à deux pattes seulement !!

Depuis cet événement, je n’ai plus jamais prononcé le mot « diable » et je remercie tous les jours  le seigneur Allah  de m’avoir donné le Sarazin comme beau-frère.

Juillet 2007 

Partager cette page
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :