Amour-haine

I

Il est de ces souvenirs tragiques jaillissant de l’oubli,

Une douleur dormante que ta vue vient d’attiser,

Cette amie-blessure donnant aux malheurs de la vie,

La  saveur douce-amère des amours tourmentées.

II

Ô Reine du destin, de mon hiver, de mon printemps,

Toi qui m’as donné la vie sans aucun amour tendre,

Noirceur d’âme qui jadis me refusait son sein blanc,

Femme sans cœur, il trop tard pour se morfondre !

III

Comme la mort te rend belle à couper le souffle,

Même si ta froideur sied à la blancheur du linceul !

Même si je perds la raison, que mon cœur souffre,

Je t’aimerais toujours de cet amour écorché et veule.

IV

Amour amer, déraison et folie d’enfants maltraités,

Pour qui, seule la mort peut effacer les blessures,

Amour-haine que l’on ne peut ni fuir ni assouvir,

Tant l’être aimé est à la fois à embrasser et à tuer.   

V

Hors de ma vue, dame de pique, princesse Leila,

Reprends cette route sans relais ni possible retour,

Retourne vers la maison gardée par les vautours,

Celle que bordent les flammes de l’enfer d’Irkalla.

                                                            Herbert French

                                                                        8 juillet 2011